vendredi 4 janvier 2008

INTERRUPTION INVOLONTAIRE DE PIECE

Chers spectateurs de la Première Heure,

C’est avec mes regrets les plus sincères que je vous annonce que le spectacle « ENTRE » ne pourra pas se rejouer.

Le Théâtre "Le Funambule", situé au 53 rue des Saules Paris 75018, envisageait de programmer cette création théâtrale dès le 04 janvier 2007 pour une durée de 12 dates par mois, (janvier, février et mars), renouvelables à volonté, selon le succès ou non de la pièce.

L’ayant-droit n’a malheureusement pas souhaité m’autoriser à exploiter ce spectacle au-delà du 31 décembre 2006, d’après un premier contrat d'un an signé entre l’ayant-droit représenté par la SACD et moi-même.

Il en a parfaitement le droit et il l’a fait. Je respecte le droit.

Je voulais remercier les spectateurs qui ont pu découvrir ce spectacle et à qui j’avais demandé d’écrire leurs critiques sur un ruban rouge déposé sur chacun de leurs fauteuils, avec le mot « ENTRE… » inscrit au recto, et « JE VOUDRAIS… » au verso.

Vous trouverez vos impressions regroupées dans la rubrique CRITIQUES.

En 1999, une amie m’a offert un recueil de nouvelles d’un auteur jusque-là inconnu. J’ai tout de suite repéré trois des quatre nouvelles, que j’ai adaptées pour cette première création théâtrale. J’ai mis cinq ans à me décider à écrire à l’auteur, me demandant si je pouvais et comment je pouvais transmettre l’émotion que je souhaitais faire passer grâce à ses textes.

Dans un premier temps, je souhaitais que deux des quatre textes soient joués dans des bars parisiens et sur des petites scènes, afin de tester la réaction des spectateurs et de voir comment mon travail pouvait être accueilli.

L’ayant-droit m’a conseillé de viser tout de suite un théâtre. Le temps d’exécution pour atteindre cet objectif a été plus long. Mon travail en a été modifié, a mûri et a donc pris un peu plus de temps lui aussi.


Une première création théâtrale, une première mise en scène, ce n’est pas rien et cela engendre beaucoup de réflexions, de doutes, d’actions, de remises en questions, surtout lorsque vous êtes autodidacte et seule pour tout entreprendre. Et l'incendie de l'Espace Beaujon qui devait nous recevoir en 2005, ne m'a pas aidé dans cette aventure.

Le 1er juin 2006, dans le cadre de la Quinzaine Démocratique des Arrondissements, nous avons été programmés pour présenter devant plus d’une centaine de spectateurs anonymes et quelques amis une « lecture performance », à savoir une lecture plus jouée que lue habituellement. Les réactions de la salle ont conforté notre travail. Les premiers « rubans critiques » étaient déjà en place :

« Je voudrais tant voir ce spectacle en entier. Vous m’avez ouvert l’appétit. Et le désir est très fort. J’ai aimé les nouvelles, je dévorerai la pièce avec mes amis. »

« Je voudrais que ce spectacle voie le jour ! »

« Je voudrais vous dire merci… merci de m’avoir fait rire… et surtout… merci de m’avoir fait pleurer… » Eliza

« Une fraîcheur, un délice, une belle soirée agréable. »

« Entre… dans mon cœur…»

« Je voudrais une tasse de thé, refaire le monde, t’entendre pleurer. »

« Entre chiens et chats, entre gris clair et gris foncé, entre nous. »

« Entre la justesse des propos, entre ces portraits si poignants, entre mes souvenirs plus ou moins tumultueux… je suis heureux. »

« Je voudrais que ton projet aboutisse !!! Beaucoup d’émotions et ta lecture Laurence… bouleversante. » Pascal, sculpteur.

« Je voudrais que vous obteniez vos subventions !!! Et que la pièce connaisse le succès qu’elle mérite !!! A tous, bravo !!! »

Une captation de cette présentation a été transmise à quelques théâtres parisiens. J’ai tout de suite été contactée pour 36 dates de représentations en ouverture de programmation en septembre 2007 par le Théâtre du Guichet Montparnasse. Malheureusement, des raisons techniques (plateau trop petit) m’ont obligée à refuser une telle proposition. La Directrice et la programmatrice de ce théâtre m’ont confirmé que mon travail méritait d’être vu et qu’il fallait que je trouve un théâtre en co-réalisation.

Juillet 2006, quatre dates de représentations, prévues initialement en 2005, me sont à nouveau proposées par l’Espace Beaujon, situé au 208, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris, avec une jauge de 90 places, pour Octobre 2006.

Un défi important se présentait à moi : à peine deux mois pour tout faire, trouver la dernière comédienne et un professeur qui lui enseigne des rudiments de boxe française, acheter les derniers accessoires et costumes, construire un décor intermédiaire à celui que je souhaitais, avec une jeune scénographe franco-japonaise, qui m’accompagnait dans ce projet, trouver une salle de répétition, répéter, finaliser l’affiche et le flyer, communiquer sur le spectacle, tenir à jour le cahier des réservations, etc…. Les premières difficultés techniques et financières ne tardèrent pas à se présenter. Trouver une solution à chaque problème. Sans vouloir paraître caricaturale, car ce chemin est celui de beaucoup d’autres artistes , j’ai fini par prendre un risque financier personnel (casser mon PEL après avoir fait deux emprunts).

Le succès de ces 4 dates a été assez surprenant et le bouche-à-oreille a fonctionné très vite. Si vite que le quatrième soir nous étions presque complet. Vos critiques ont été ce qu’elles sont et vous pourrez donc les lire à la suite de ce long monologue que je vous adresse, dans le chapitre "Critiques".

Une captation de ce spectacle a été envoyée à plusieurs théâtres et à l’ayant-droit et l’auteur. Ni l'ayant-droit, ni l'auteur ne sont venus voir la lecture du 1er juin et les 4 représentations à l'Espace Beaujon.

Les directeurs du Théâtre "Le Funambule" nous ont tout de suite repérés. Et ils ont tout de suite pris le risque de rentrer en co-production sur ce spectacle, avec une programmation dès le 04 Janvier 2007 à raison de trois soirs par semaine, les jeudis, vendredis et samedis, sur trois mois. Programmation renouvelée selon le succès ou non de la pièce. Je recommande aux jeunes compagnies ces deux directeurs qui savent prendre des risques par passion du théâtre. Et puis "Le Funambule" n'est-il pas l'image la plus sensible du métier d'artistes. Un fil poétique qui présageait un bel envol pour notre travail collectif.

Les critiques étant ce qu’elles sont, nous espérions tous, eux, la troupe au complet et moi-même, passer d’agréables soirées à jouer et à faire notre métier. Nous n'attendions que la réponse de l’ayant-droit pour annoncer publiquement ces représentations. La SACD était confiante à la lecture des critiques des spectateurs. "Ca devrait passer comme une lettre à la poste" dixit un agent administratif.

La réponse de l’ayant-droit est tombée. Négative. Libre de toute explication.

Aujourd’hui les rubans rouges ont les jambes coupées.

Dois-je préciser ici que jusqu’à présent nous avions tous travaillé bénévolement ?

Quand je travaille je pense à ce que je vais offrir au spectateur. C’est un échange, un partage qui est très cher à mon cœur.

J’ai appelé l’ayant-droit. Ses propos ont noirci tout de suite après mon appel une feuille blanche à ma portée. Je ne peux les rapporter ici tant ils sont malsains. Et sa réponse, avec son ton suffisant et moqueur, devant les critiques que vous avez pu écrire a été la suivante : « La Culture n’est pas Démocratique ».

Ma maigre culture est allée vérifier dans le dictionnaire la définition des mots que cet homme a plaisir à utiliser pour dépeindre sa nature d’être humain : libertaire et despote éclairé. C'est ainsi qu'il se présente sur son site Internet et lors d'une interview.

Je m’émerveille devant cet « ENTRE-CHAT.»

"Entre" ne pourra plus contractuellement être représentée au-delà du Dimanche 31 Décembre 2006 à Minuit. Nos voix n'auront pas eu le dernier mot.

Mais voici un aperçu du travail qui a existé le temps d'un trop court souvenir et que nous voulions vous faire partager.


Laurence CENEDESE


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